- Auteur(e) : Johanna Zanon
- Sujet : Quand la couture célèbre le corps féminin, Jean Patou (1919-1929)
- Date de soutenance : 2012
- Lieu : Ecole Nationale des Chartes, Paris, France
- Sous la direction de : Jean-Michel Leniaud
- Jury :
- Informations complémentaires : Johanna Zanon est actuellement doctorante à l’Université d’Oslo en Norvège. Sa thèse de doctorat porte sur le phénomène des « Belles endormies », à travers une étude comparative des maisons de couture Jean Patou, Elsa Schiaparelli et Madeleine Vionnet de leur création à nos jours.
Résumé de l’auteure
Longtemps resté dans l’ombre de sa célèbre rivale Gabrielle Chanel, Jean Patou fait l’objet d’un intérêt nouveau de la recherche. Les années 1920 constituent un moment fondateur de sa maison de couture, dans la mesure où celle-ci élabore son identité, expérimente des pratiques organisationnelles et managériales inédites, forge son image de marque et pose ses principes esthétiques. Mettre en question sa modernité, entre construction discursive et réalité effective, tel est l’objet de cette thèse.
Pour ce faire, la thèse se fonde sur des sources variées et abondantes, telles que les photographies prises au titre de la protection industrielle, les archives administratives de la société, les vêtements conservés dans les institutions muséales ou encore la presse spécialisée. Ces sources se complètent pour donner une vue d’ensemble des différents aspects de la maison de couture qu’éclaire une approche interdisciplinaire, mobilisant les différents champs historiques et sociologiques.
Jean Patou réalise l’alchimie de l’entrepreneur et du créateur. L’entreprise familiale qui porte son nom applique une organisation rationalisée et met en œuvre une stratégie de concentration et de diversification. Sa politique paternaliste vise à améliorer les conditions de travail des employés. Tirant partie des avancées de la publicité et de la mercatique, la maison mène une communication offensive. Ce n’est pas seulement l’image de marque ainsi créée que Patou défend en luttant contre la contrefaçon, mais aussi sa position dans le paysage de la couture parisienne. La mode griffée Patou s’inscrit dans la mouvance Art Déco et célèbre le corps féminin, en lien avec les nouvelles pratiques sportives et de loisirs des élites.
Les pratiques de la maison Patou l’inscrivent dans la modernité. Elle s’impose comme l’une des maisons de couture plus importantes avant d’être frappée par la crise économique et financière au début des années 1930. Emblématique de l’industrialisation de la couture et du changement d’échelle de cette industrie du luxe, elle contribue à faire de Paris la capitale incontestée de la mode jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. (Position de thèse)