Charles André Vanloo, Carle Vanloo (dit), Portrait d'inconnu du règne de Louis XV (dit autrefois Jacques Germain Soufflot), avant 1765, huile sur toile, 143 x 108 cm, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon, © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet

 

         En collaboration avec le Palais Galliera, le Musée d’arts de Nantes confronte des pièces textiles et picturales iconiques révélant ainsi les influences réciproques entre le monde artistique et la naissance de la mode au 18e siècle. L’histoire du costume et de sa représentation au siècle des Lumières est autant l’illustration d’une réalité matérielle qu’une création de l’imaginaire.

Au 18e siècle, la naissance de la mode est d’abord celle de nouveaux métiers et d’une presse spécialisée, et constitue le signe d’une transformation accélérée de la société. Le style français, porté à la fois par l’aristocratie et la haute bourgeoisie urbaine, s’impose dans toutes les cours et les villes d’Europe. Pour la première fois, la confrontation d’œuvres picturales avec des costumes du 18e siècle permet d’explorer une nouvelle mise en scène du corps, entre l’exigence sociale et les caprices du goût. Le partenariat avec le musée de la Mode de la Ville de Paris permet la présentation particulièrement exceptionnelle, du fait de la rareté, préciosité et fragilité des matériaux, de nombreux ensembles textiles et accessoires. L’exposition réunit plus de 200 objets du 18e siècle, issus des grands musées textiles (Palais Galliera, Musée des tissus de Lyon, Musée de la toile de Jouy, Musée de la Chemiserie et de l’Élégance Masculine) et de beaux-arts (château de Versailles, Louvre, Nationalmuseum de Stockholm, Rijksmuseum d’Amsterdam, Victoria and Albert Museum de Londres, Ecouen, Nantes, Dijon, Tours, Orléans). Des tableaux emblématiques (La Duchesse de Polignac d’Élisabeth Louise Vigée Le Brun, château de Versailles et La Marchande de modes de François Boucher, Nationalmuseum de Stockholm) côtoient textiles précieux, dessins inédits, vêtements et accessoires, dont certains spécialement restaurés pour l’exposition. Le parcours de l’exposition se déploie en quatre univers distincts, comme autant de facettes qui explorent le lien entre les peintres et la fabrique de la mode.

 Le premier chapitre de l’exposition s’attache à démontrer l’accélération des phénomènes de mode, autant en peinture que dans le vêtement, dans un jeu de compétition entre les élites dirigeantes et les classes montantes. Le deuxième chapitre met en scène les peintres comme acteurs de la « fabrique de la mode », ils se révèlent les vrais ancêtres des couturiers et créateurs de mode : de fait, ils inventent silhouettes, motifs textiles, décors d’accessoires, d’objets de poche et de toilette, tout en réalisant les dessins pour la presse spécialisée. Le troisième chapitre, « Fantaisies d’artistes », explore les liens entre des mondes picturaux imaginaires – fêtes galantes de Watteau et Lancret, pastorales enchantées de François Boucher – et des vêtements devenus iconiques grâce à eux. Enfin la dernière partie, « Pour une histoire du négligé-déshabillé », porte un regard inédit sur la vogue grandissante du négligé dans le vestiaire masculin et féminin, de la robe de chambre à la robe empire, des voiles des vestales au déshabillé antique. Elle met en lumière l’évolution d’une nouvelle silhouette féminine, qui s’allonge et se simplifie jusqu’au monochrome blanc.

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