COORDINATION SCIENTIFIQUE
- Claudine Cartier, conservateur général honoraire du patrimoine.
- Nicolas Courtin, Archives de Paris.
- Miriam Simon, responsable de la Mission patrimoine professionnel de la Ville de Paris.
Il peut sembler paradoxal de proposer un numéro de la revue In Situ consacré au patrimoine de l’hygiène alors que les notions d’hygiène qui sont aujourd’hui les nôtres semblaient acquises depuis longtemps. En 2020, la pandémie a rappelé brutalement les liens entre l’hygiène et la santé. Mais si le patrimoine de la santé a fait l’objet d’études récentes, celui de l’hygiène reste un domaine peu exploré scientifiquement ou étudié d’une manière dispersée, car il se trouve au croisement de plusieurs disciplines scientifiques et historiques.
Ce numéro d’In Situ a ainsi pour objectif de rassembler des recherches originales et récentes sur ce sujet en se positionnant dans l’histoire culturelle. Ce domaine n’est évidemment pas vierge et il faut se référer aux travaux de Jean-Pierre Goubert, Georges Vigarello et plus récemment de Thomas Leroux qui travaille sur les pollutions, la santé au travail et les risques.
Par ailleurs, deux expositions ont été consacrées en 2013 à l’eau, l’une aux Archives départementales de Seine-Maritime, l’autre aux Archives départementales de l’Oise, chacune comportant un volet sur ce thème. Signalons également des études entreprises en 2018 afin de valoriser et présenter au public les Bains Pommer situés en Avignon. De nombreux équipements collectifs ont déjà été protégés au titre de la loi sur les Monuments historiques telles la piscine Molitor et celle de la Butte-aux-Cailles à Paris, la piscine Saint-Georges à Rennes, ainsi que de nombreux bains-douches, lavoirs et fontaines. L’Inventaire de la région Île-de-France a mené en 2017-2018 une enquête sur les bains-douches municipaux de Paris. Une exposition permanente sur l’histoire de la propreté à Paris, installée au Centre Eugène-Poubelle – lieu de formation des personnels municipaux de la propreté –, qui permet à ces personnels d’inscrire leur métier dans une profondeur temporelle, devrait à terme être accessible au public. À Paris encore, la rénovation en cours de la Visite publique des égouts, autre « musée » professionnel municipal, permet de sensibiliser le public à un patrimoine méconnu.
Il apparaît particulièrement opportun de rassembler les études les plus récentes sur ce domaine du patrimoine de l’hygiène en le considérant dans toutes ses dimensions historiques et culturelles. Ainsi, l’ambition de ce numéro d’In Situ est double : il vise d’une part à réunir l’hygiène des personnes et celle de l’espace public, et d’autre part à dresser un état des lieux de la prise de conscience de l’importance patrimoniale des objets et constructions de ce domaine.
À ces fins, les études attendues peuvent relever d’une approche chronologiquement très large – de l’Antiquité à nos jours – en France, et aussi bien en milieu urbain que rural. À travers les thématiques esquissées ci-dessous, qui distinguent le rapport au corps dans son intimité et à l’espace public, on espère des propositions concernant aussi bien le patrimoine bâti – architecture et ouvrages d’art – que les objets – de l’archéologie au design –, mais aussi les théories (législations, communication…) et les pratiques. Elles viseront également à mettre en valeur plusieurs exemples de patrimonialisation du domaine : découvertes, prises en compte de l’importance collective du domaine et réhabilitations architecturales ont montré le fort potentiel de succès vis-à-vis du public qui apprécie sa valeur monumentale (ouvrages d’art) ou est touché par son intimité (objets de toilette, voire objets fétiches). Inventaire, collecte et conservation d’objets, expositions, réhabilitations architecturales, protections au titre des Monuments historiques de sites, édifices ou objets, etc. sont autant de manières différentes de dresser un panorama du patrimoine de l’hygiène sous ses multiples facettes.
Autour du fil conducteur qu’est l’apport en eau courante, vecteur majeur de l’hygiène, deux axes de réflexion sont envisagés, qui ne s’articulent pas entre domaine privé et domaine public, mais selon la nature de l’objet entretenu – associé à l’espace public ou à la personne :
1. Hygiène de l’espace public
Sous cette thématique, sont attendues des études autant sur la création et l’entretien des réseaux d’alimentation et d’assainissement, que sur la mise à disposition de l’eau au public. Architectes et ingénieurs ont façonné les territoires ruraux comme l’espace des villes avec des équipements techniques aujourd’hui remarquables et inégalement reconnus pour leur valeur patrimoniale – canaux, aqueducs, fontaines, lavoirs, châteaux d’eau, égouts, usines de traitement…
Cette section propose de s’interroger également sur les questions de la gestion, de la prévention et de la communication sur l’hygiène des espaces collectifs, c’est-à-dire sur les moyens mis en oeuvre pour entretenir et nettoyer l’espace public – le mobilier urbain, les campagnes d’affichage ou les machines de nettoiement par exemple forment de nouveaux corpus d’étude et de patrimonialisation.
2. Hygiène du corps
Bien que relevant le plus souvent du domaine privé, le domaine de l’hygiène corporelle est intimement lié à celui de l’espace public. En bien des occasions, les deux se rencontrent : bains publics, lavoirs, équipements sanitaires des immeubles de rapport, etc.
Dans cette partie sont attendues des propositions plus spécifiquement liées aux réponses architecturales posées par les enjeux de l’hygiène corporelle – qu’elle soit individuelle ou collective. On pensera aux lieux et aux objets de la toilette dans la sphère privée des demeures (urbaines ou rurales, aristocratiques ou populaires), comme aux équipements progressivement imposés aux lieux de vie en collectivité (hôpitaux, prisons, établissements d’enseignement, congrégations, maisons closes, entreprises, etc.).
Par le biais des pratiques individuelles, un patrimoine mobilier de la propreté s’est développé (toilettes d’orfèvrerie, objets de design, objets de la vie quotidienne, équipements sanitaires, etc.), mais également un patrimoine industriel sans doute moins connu (manufactures de produits d’hygiène, puis de beauté qui ont pu marquer un territoire).
PROPOSITIONS DE CONTRIBUTION
Les articles proposés devront contenir une part inédite de recherche, d’hypothèse ou de mise à jour ; ils ne sauraient reprendre la totalité d’un article déjà paru. Il est souhaité qu’ils soient largement illustrés, y compris par des exemples sonores et/ou audiovisuels.
Si vous souhaitez contribuer à ce numéro, nous vous remercions d’envoyer avant le 1er mars 2022 un résumé de votre proposition de 1500 signes au maximum, ainsi qu’un court CV par courriel insitu.patrimoines@culture.
Ministère de la Culture
Direction générale des Patrimoines
Revue In Situ à l’attention de Nathalie Meyer 6 rue des Pyramides 75001 Paris
Envoyer une copie de votre proposition à
Claudine Cartier : claudine.cartier@orange.fr
Nicolas Courtin : nicolas.courtin@paris.fr
Miriam Simon : miriam.simon@paris.fr
Les textes des articles correspondant aux propositions retenues sont attendus pour le 1er septembre 2022. Vous pourrez rédiger votre article en français ou dans votre langue d’usage. Ils seront publiés dans leur version originale et dans leur traduction française. La taille des articles sera comprise entre 15 000 et 35 000 signes espaces et notes compris.
Les recommandations aux auteurs concernant le nombre de pages ou d’images, les droits de l’iconographie, l’insertion de notes et de liens, etc., sont consultables sur le site de la revue :